Débat sur l'Anthroponymie et la toponymie |
" DEREGLEMENT DE LA TRANSMISSION DE L’IDENTITE "
Une conférence portant sur la question de l’anthroponymie a eu lieu, mercredi, à la salle Ali Maâchi, dans le cadre du 21ème Sila. Ouerdia Yermeche, universitaire, a rappelé que « la désignation suit toujours l’organisation du groupe ». « On se désignait par rapport au groupe d’appartenance (tribu, ethnie…) ou par rapport à la filiation. La population autochtone a subi des influences avec les occupations successives qu’a connues le pays, cela a d’emblée modifié sa physionomie anthroponymique. Cette physionomie s’est trouvé bouleversée avec la colonisation française », a expliqué Ouerdia Yermeche.
Selon elle, chaque civilisation a laissé une trace. « Le nom de famille est une création coloniale. Le système patronymique n’existait pas avant l’occupation française. Il a été imposé à la société algérienne. Si l’administration coloniale a imposé le système anthroponymique à la société algérienne, c’est pour mieux la dominer et la contrôler », a-t-elle relevé. Ouerdia Yermeche a expliqué que l’administration coloniale a nié et rejeté la tradition onomastique originale et tout ce que cela implique comme référents culturels et profondeur historique. « Le nouveau système anthroponymique imposé par la France coloniale est artificiel et sans ancrage historique. Il a déréglé la transmission de l’identité, a rompu les liens familiaux. On assistait à une perte d’indications du groupe ou d’appartenance. Cela a causé un « génocide identitaire », a-t-elle analysé. De son côté, Houda Djebbes, de l’université de Constantine, a abordé la problématique de la transcription d’un nom de l’arabe au latin, lorsqu’il est inscrit à l’état civil. Elle a regretté que des fautes son commises lorsqu’on passe de caractères arabes aux caractères latins, ce qui cause des altérations, notamment au niveau de sa signification. « Le prénom a perdu de son identité. L’Algérien méconnaît son identité. L’état civil à Constantine a refusé des noms les jugeant étrangers à la culture algérienne, alors qu’ils sont authentiquement algériens, ayant une origine amazighe», a-t-elle souligné Elle a regretté qu’un nom lorsqu’il est transcrit en latin peut avoir plusieurs orthographes, et inversement en arabe, lorsqu’il passe de l’oral à l’écrit. Brahim Atoui, chercheur au CRASC, a abordé la question de la toponymie. A ce sujet, il a regretté que tout ce qui a été construit de l’indépendance à nos jours n’ait pas été nommé. «On n'a fait que rebaptiser les dénominations françaises, l’espace toponymique a été seulement algérianisé. La toponymie algérienne est amazighe et arabe, imbriqués sauf dans certaines régions », a-t-il relevé. Enfin, Lila Medjahed, maître de recherche, a abordé les noms propres dans le roman algérien. « Il y a un souci de rattacher les prénoms à une dimension historique, culturelle et religieuse. Il y a un souci de devoir de la mémoire. A travers les noms propres, c’est l’espace algérien qui est évoqué, c’est toute une culture et une histoire qui sont mises en place », a-t-elle souligné.
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