Edwy Plenel, directeur du site Mediapart |
" LA REVOLUTION NUMERIQUE N'EST PAS SYNONYME D'UNE REGRESSION DU JOURNALISME "
Vous venez de publier «Voyage en terre d'espoir », un ouvrage qui revient sur « les oubliés » du passé. Est-ce un devoir de mémoire ?
C'est surtout pour réenchanter le futur. C'est un livre qui s'est basé sur une immense oeuvre faite par des historiens dont le dictionnaire biographique du mouvement ouvrier francophone aux Etats-Unis. Il existe des tomes couvrant la période de 1789 à 1968 avec près de 170.000 notices biographiques. Je mets en avant les obscurs, les anonymes, les moins connus et les méconnus. Il faut noter que dans le livre, on trouve un dictionnaire sur l'Algérie. Ce que j'ai voulu montrer dans ce moment de doute, c'est que les idéaux d’égalité, de fraternité, de liberté, l'exigence démocratique et la revendication sociale ont été portés par des gens simples, pas par des héros et des sauveurs suprêmes. Toute cette humanité à dit non un jour à l'injustice. Ce livre, paru récemment aux éditions de l'Atelier, est à la fois un essai pour se poser la question afin de connaitre cette histoire que j'ai appelée "la victoire des vaincus". Les vaincus nous apprennent quelque chose, ils nous lèguent une promesse qu'on doit reprendre alors que les vainqueurs nous enseignent le pouvoir et la durée du pouvoir. Il y a, à la fin, un voyage où je convoque comme de petits fantômes amicaux, tous ces personnages.
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A travers la réussite de Mediapart, peut-on dire que le le journalisme électronique pourrait détrôner les journaux en papier ?
Cela dépend de la nature du site web.Il y a certains qui sont dans le divertissement, dans la superficialité, et qui ne font pas un journalisme sérieux, qui colporte des rumeurs. La technologie n'est pas bonne en soi, c'est le contenu qu'on met de-dans qui est important. Nous avons crée Médiapart, nous qui venions de la presse traditionnelle imprimée pour dire que cette révolution numérique ou digitale n'était pas forcément synonyme d'une régression du journalisme, de perte d'indépendance, de qualité, du contenu ou de perte de confiance avec le public.
Quelle est votre approche sur ce que vous avez appelé la nécessité d'aller au-delà de soi-même afin de vaincre le racisme et l’obscurantisme ?
Si nous ne voulons pas que des jeunes se perdent dans des idéologies totalitaires, de violence qui se revendiquent d'une religion, il faut leur donner de l'espoir, c'est la capacité d'aller au delà de soi-même, il faut donner un nouvel idéal aux xénophobes, aux racistes on ne peut pas les combattre en leur faisant la morale, l’idéal qui a fait qu'en Algérie des gens on dit que la colonisation ne pouvait pas continuer, de voir une inégalités entre des gens qui vivent sur la même terre.
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